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Les lésions des Ischio-Jambiers

Les lésions des Ischio-Jambiers

Témoignage

« Je fais de l’athlétisme depuis maintenant 2 ans dans un groupe de demi-fond avec un bon petit niveau ! Je dirai que
ma spécialité c’est le 1 500 mètres, la distance reine en athlé ! Donc oui, mon point fort c’est plutôt la vitesse. L’hiver je fais quelques cross, mais j’attends toujours la saison estivale avec impatience. Sauf que cet été je n’ai couru que le 1er tour des interclubs, et ensuite repos forcé, car j’ai enchaîné les blessures. Une première déchirure à l’ischio sur une séance de sprint, puis une deuxième cette fois-ci à l’autre jambe 2 mois et demi plus tard, alors que je sortais à peine des soins de la première lésion. J’appréhende maintenant, car à chaque accélération je ne suis pas serein… J’ai tellement peur d’avoir à nouveau ce coup de couteau vif à l’arrière de la cuisse qui te foudroie sur place. »

Léo 19 ans Demi-fondeurpage141image38584320

Y'en a beaucoup ?

La lésion musculaire des ischiojam- biers est une pathologie fréquemment retrouvée sur les terrains de sport (football, athlétisme). Elle représente d’ailleurs 24 % des blessures en athlétisme. En théorie, elle peut toucher tous les coureurs, mais cible avant tout les demi-fondeurs, adeptes des courses
à vitesse élevée, bien plus que les coureurs de longue distance.

C'est où ?

La douleur, souvent vive et ponctuelle, se ressent d’abord à l’endroit de la lésion, pour ensuite devenir plus globale dans la zone. La partie la plus atteinte concerne les muscles ischiojambiers latéraux,
à savoir le biceps fémoral, créant ainsi une douleur à l’arrière à l’extérieur, et à mi-hauteur de la cuisse.

ça fait mal quand ?

En fonction des circonstances d’apparition, la douleur sera plus ou moins vive. Elle peut être reproduite dans différentes conditions : l’étirement, la palpation et la contraction du muscle lésé. Les muscles ischio-jambiers sont polyarticulaires. Ils vont permettre de fléchir le genou, d’amener la cuisse en arrière et de freiner les gestes consistant à tendre la jambe ou se pencher en avant. Le retentissement fonctionnel sera variable, allant d’une sensation de courbature inconfortable à l’impossibilité de fléchir le genou, de s’asseoir sur la cuisse, ou bien encore de marcher ou monter les escaliers.

C'est quoi la structure en cause ?

De nombreux éléments anatomiques peuvent être touchés : le muscle, le tissu conjonctif, la jonction musculo-aponé- vrotique et la jonction myotendineuse, avec potentiellement un œdème et/ou une ecchymose. L’interrogatoire et l’examen clinique par un professionnel, associés à un examen tel que l’IRM, permettent d’orienter vers telle ou telle lésion et de déterminer un grade. Ce dernier, allant de 0 à 4 pour la classifica- tion la plus utilisée en course à pied (la British Athletics Muscle Injury Classifi- cation), servira en partie à catégoriser la lésion et orienter la démarche de soins. Pour notre cas le plus fréquent,

il s’agit d’une lésion touchant le muscle biceps fémoral et notamment sa longue portion. Les autres muscles ischiojam- biers, à savoir le semi-membraneux et le semi-tendineux, sont souvent moins touchés.

C'est quoi le mécanisme ?

Le mécanisme lésionnel est en lien avec une contraction musculaire des ischio- jambiers en situation d’étirement.

Mais alors c'est la faute à qui ?

Les causes ne sont pas encore toutes comprises et sont, de toute manière, multifactorielles. Ce que l’on sait, c’est que la lésion se produit lors d’une fatigue neuromusculaire du muscle concerné. En clair, au moment T, les capacités de force, d’élasticité, d’endurance, de proprioception, de propulsion ou de réactivité du muscle ne lui ont pas permis d’encaisser la contrainte appliquée par la situation.

Comment on s'en sort ?

À court terme : mettre en place rapidement un protocole adapté.
Il existe différents protocoles de traite- ment des blessures traumatiques, qui ont évolué au cours des années et qui semblent simples à mettre en place. Aujourd’hui, on retiendra qu’il semble primordial d’aborder les aspects de protection, de remise en charge et de sollicitation précoce et progressive, et surtout d’éducation thérapeutique du patient afin que celui-ci adopte les bons réflexes immédiats à la lésion muscu- laire, avant de consulter un professionnel de santé.
À moyen et long terme : le but sera de recourir le plus précocement possible. Selon le grade de la lésion, mais aussi le contexte global de la blessure, le professionnel de santé planifiera une remise en contrainte progressive des structures atteintes. Assouplissements, mais aussi renforcement musculaire statique, dynamique, puis pliométrique des muscles ischiojambiers feront à coup sûr partie des exercices à mettre en œuvre. La progressivité des exercices devra avoir pour but de se rapprocher de plus en plus des contraintes spéci- fiques de la course à pied pratiquée par la personne. C’est pourquoi, dans le cas présent, réintroduire les sprints sera une étape obligatoire en fin de rééducation. En effet, éviter n’est pas soigner ! D’ailleurs, cette rééducation, à quel moment estime-t-on qu’elle est terminée ? Si toi aussi tu te poses cette question, va voir l’astuce de Rémi.

L'astuce de Rémi

Les tests de retour au sport (RTS)

Qui n’a jamais demandé à son thérapeute à quel moment il pourrait retourner pleinement et sereinement à sa pratique sportive sans crainte ?

Pour de multiples pathologies, comme la lésion
des ischiojambiers, il existe un ensemble de
tests cliniques fonctionnels, aussi appelés Tests de Retour Terrain ou RTS (Return To Sport).
Validés scientifiquement, couplés à d’autres données et selon les scores établis, ces tests permettent
au thérapeute de garantir un retour au sport confiant après une blessure, ou à l’inverse de mettre
en lumière les axes de travail à améliorer
avant une reprise de la compétition. N’attendez plus, faites-vous aiguiller !